Un toxicomane lynché après un vol raté dans une joaillerie

Deux hommes, un même lieu, une bijouterie grecque, et un drame qui se noue en quelques minutes à peine. Vendredi 21 septembre 2018, un homme de 33 ans, dépendant aux drogues, s’est introduit dans une joaillerie à Athènes, bien décidé à repartir avec des bijoux. Sa tentative s’est soldée par une issue tragique.

Un vol qui vire au lynchage

S’en prendre à une bijouterie, c’est jouer avec le feu. Ceux qui tentent leur chance s’exposent souvent à des réactions d’une rare violence. À Athènes, ce vendredi-là, la riposte ne s’est pas fait attendre. Contrairement à d’autres endroits, la bijouterie à Marseille, par exemple, où les commerçants font généralement confiance à la justice, le propriétaire grec a, lui, réagi sans filtre. La frontière entre défense de ses biens et passage à l’acte irréversible s’est effacée en un éclair.

Le voleur, après avoir fracassé la vitrine à l’aide d’un extincteur, a essayé de s’échapper. Mais il n’est pas allé bien loin. Deux hommes, dont le propriétaire de la boutique, l’ont intercepté. Le passage à tabac qui a suivi a été d’une telle violence que le trentenaire n’a pas survécu à ses blessures. La bijouterie s’est alors transformée en scène de crime, sous les yeux de quelques passants médusés.

Justice expéditive et poursuites judiciaires

Prendre la justice en main, c’est traverser une ligne rouge. Quand un malfaiteur est maîtrisé, le réflexe attendu reste de prévenir les autorités. Aller plus loin, c’est s’exposer à des conséquences pénales très concrètes, comme le montre ce drame survenu à Athènes. Le propriétaire de la joaillerie se retrouve désormais poursuivi pour « lésions corporelles mortelles ». Son avocat affirme que la mort serait due aux éclats de verre, mais le débat public s’enflamme. L’organisation antiraciste Keerfa crie à l’assassinat raciste, pointant du doigt la stigmatisation dont sont victimes les personnes dépendantes aux drogues.

Pendant ce temps, l’enquête suit son cours. Les images de vidéosurveillance ont révélé la présence d’un second agresseur. Si le propriétaire a été interpellé sur place, le complice, lui, s’est volatilisé avant l’arrivée de la police. La traque se poursuit, tandis que ce fait divers fait ressurgir des tensions autour de la justice, de la violence et du traitement des plus fragiles.

Dans les rues d’Athènes, la bijouterie a rouvert ses portes, mais personne n’a oublié ce jour où la frontière entre victime et bourreau s’est brouillée, laissant derrière elle une société en quête de réponses.